La Maison du loup au Théâtre Rive Gauche : Rencontre féroce
Les créateurs de La Machine de Turing reviennent au Théâtre Rive Gauche avec une pièce autour de Jack London, servie par des comédiens qui transforment la scène en arène où se déchirent les fauves. Haletant !
Sauver Jacob permettra-t-il de sauver Jack ? Tel est l’espoir de Charmian, l’épouse de l’écrivain le plus célèbre des États-Unis, dont l’inspiration est aussi asséchée que le gosier. Le whisky et la morphine lui servent de soutiens, les porcs qu’il élève, de divertissement. Sa femme essaie en vain de lui faire retrouver la flamme et la foi qui en ont fait jadis le chantre de l’aventure américaine, en pilleur d’huîtres, chasseur de phoques, vagabond du rail et chercheur d’or. À l’été 1913, Ed Morrell, qui se bat pour que son ami, Jacob Heimer, échappe à la peine de mort, vient rendre visite aux London dans leur Maison du loup, en espérant convaincre Jack de demander la grâce de Jacob.
À corps et à cris
Benoit Solès, auteur de la pièce, interprète le rôle d’Ed Morrell. Cet idéaliste enragé continue sa mission de redresseur de torts : il défend Jacob qui lui a appris à résister au sadisme du directeur du pénitencier de San Quentin en lui enseignant l’autohypnose. Anne Plantey campe Charmian, la louve attentive au génie du grand homme, que joue Amaury de Crayencour, entre débine et bibine. La rencontre étant explosive et ses enjeux vitaux, les comédiens font ressortir les traits psychologiques de leurs personnages, leurs rapports et leurs contradictions. Les images de Riff Reb’s, animées par Mathias Delfau, offrent un cadre poétique touchant à ces éclats et une échappatoire bienvenue à l’imagination.
Le calme après la tempête
La fin de la pièce, plus apaisée, l’éclaire. Benoit Solès, en un monologue poignant qui rompt heureusement avec la fièvre précédente, raconte comment la rencontre entre Ed et Jack provoqua un double brasier : celui dans lequel disparaîtra la maison que London avait fait construire selon ses rêves, et celui que suscitera dans l’opinion publique la publication du Vagabond des étoiles, qui conduira à l’abandon de la camisole de force et de la pendaison sans procès dans les prisons américaines.
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