Le Cid mis en scène par Jean-Philippe Daguerre : Dans le plaisir du verbe haut
Dans cette pièce représentée pour la première fois sur scène en 1637, Corneille a mis le « soufflet » à l’honneur.
Cette « gifle » de Don Gomès, infligée à un Don Diègue vieillissant qui obtient les faveurs du roi pour devenir gouverneur de Castille, va provoquer les tumultes dans l’amour à venir de leurs enfants respectifs, Chimène et Rodrigue. Cette tragi-comédie est restée dans l’Histoire grâce à de fameux alexandrins tels que « Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie ! N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? » et à d’autres moins connus mais qui parlent tout autant comme « Les exemples vivants sont d'un autre pouvoir, un prince dans un livre apprend mal son devoir ».
Fort de la dimension de ces vers éternels, le metteur en scène Jean-Philippe Daguerre, comme à son habitude, leur donne toute leur réalité en les ramenant à notre hauteur. Servi par sa fidèle troupe, Le Grenier de Babouchka, rompu à cet exercice de haut vol de procurer au plus grand nombre le plaisir de partager le patrimoine du verbe, Jean-Philippe Daguerre en fait entendre tous les sens.
De la musique originale interprétée sur scène par Petr Ruzicka et Antonio Matias au décor créé par Frank Viscardi, sans oublier les combats menés par Christophe Mie, l’ensemble est d’une clarté qui permet aux mots de bien se faire entendre. Manon Gilbert (en alternance avec Sarah Bertholon), qui incarne parfaitement Chimène, et Thibault Pinson, dans le rôle de Rodrigue, donnent chacun toute la tension et la douceur nécessaires à ce couple pris dans les tempêtes familiales. La distribution d’une harmonie parfaite apporte aux vers de Corneille ce qu’il faut d’humanité et de justesse pour en faire un succès.
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