Quand je serai grande, je serai Patrick Swayze [critique] : She’s like the wind !

Mis à jour le 27 janvier 2023 à 18h08| Par Catherine Robert | Rubrique : Théâtres | Image © Fabrice Cervel

Chloé Oliveres, mise en scène par Papy, interprète son autofiction au bord de la crise de nerfs avec énergie, esprit, émotion et panache : fragile et puissante, drôle et attachante, femme, femme, femme…

Elu « l’homme le plus sexy au monde » par le magazine People en 1991, Patrick Swayze est de ces tombeurs défunts que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître… Il faut avoir subi les brushings choucroutes et les pulls fluo, avoir fantasmé sur les surfeurs, s’être foulé le bassin en se trémoussant dans des jeans neige et pleuré devant Dirty Dancing pour se souvenir avec émotion de ce sex-symbol. Chloé Oliveres fait partie des survivants des années 90. Fille d’une mère « gaucho MLF », elle comprend dès l’enfance que pour être sûr d’exister, il faut être regardé : à défaut « d’entrer dans la télé » pour vivre des histoires d’amour avec Patrick Swayze, elle devient comédienne.

Simone et John

Après être passé par le Conservatoire, elle a cofondé Les Filles de Simone, collectif aux joyeux succès, et beaucoup joué. Son autoportrait en héroïne des années 2020 se nourrit de toutes ces expériences, des plus sérieuses aux plus foutraques. Elle se livre, tout en paradoxes, fille cachée de Beauvoir et de Travolta, revendicatrice assumée de la défense érotique des préliminaires et défenseuse des filles perdues au rayon bricolage du BHV. « Midiniste et féminette », elle a l’humour des premières suffragettes et l’autodérision grâce à laquelle ont pu survivre les enfants grandis sous Mitterrand…

Une mouette et une fille chouette

A quarante ans, alors que la caméra peine à écraser la ride, que le théâtre n’offre plus que des rôles de mère ou de sorcière, le temps est venu du bilan, même si on a « tout fait comme dans l’histoire : l’amour, l’enfant, la maison ». La comédienne a troussé un texte brillant, où la nostalgie compose avec l’humour et la provocation avec la lucidité. Comédiennes ou pas, ex fans des eighties ou autres : toutes se reconnaîtront dans le portrait de cette femme qui chante en yaourt, croit aux contes de fées, se cherche encore et continue sa route, pas tout à fait libérée, mais presque…