Un conseil d’ami [critique] : Tel est pris qui croyait quitter…

© Pauline Maillet

Didier Caron signe le texte et la mise en scène d’un vaudeville allègre, interprété par un quatuor harmonieux. Faut-il mentir par humanité ? Le théâtre répond avec esprit à cette cruelle question.

Pourquoi préfère-t-on la vérité au mensonge ? Parce qu’il est plus simple, plus commode et plus avantageux de parler sans détours. Parce que, pour mentir, il faut être très malin, très prudent et avoir une bonne mémoire. Parce que, souvent, un mensonge en engendre d’autres, jusqu’à l’absurdité la plus complète. Telle est l’expérience que vit Alain, piètre diplomate et déplorable tacticien. Il voudrait bien quitter Julie, sa femme, sans la faire souffrir, mais peine à admettre que le scalpel de la sincérité vaut mieux que le baume de la fable. Grâce à son ami Boris, il trouve un expédient qu’il croit génial, à tort !

Saillies en cascade

Christian Vadim et Marie Fugain (Boris et Claire), Manuel Gélin et Juliette Meyniac (Alain et Julie) campent les quatre protagonistes de cette descente aux enfers dont les marches, pourtant faites de bonnes intentions, sont de plus en plus glissantes. Didier Caron signe un vaudeville pur jus, où le comique de situation l’emporte avec bonne humeur sur les intentions psychologiques ou morales. Les répliques fusent et sont très drôles. L’incongruité et le nonsense, l’imbroglio et le quiproquo rivalisent sans que les personnages, pourtant fichtrement égoïstes, un rien benêts, parfois nunuches ou désarmants de mauvaise foi, ne perdent leur caractère sympathique. On rit de bon cœur !

Raillerie malicieuse

Les décors d’Edouard Laug installent les deux appartements sur scène : ils permettent d’habiles parallèles entre les manigances des hommes et l’incompréhension des femmes, jusqu’à un savoureux retournement final, qui rend à l’amour toute la place qu’il mérite dans cette ronde des roués. Les portes claquent avec la vivacité qui sied au genre. Les quatre comédiens, d’évidence complices, font preuve d’un bel entrain. Quelques standards de variété émaillent le spectacle, rajoutant à la gaité de cette folichonnerie de bonne facture, pétillante et pétulante, d’où l’on ressort convaincu que la vérité est la meilleure alliée des cœurs simples !

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