L'Avare

Daniel Benoin met en scène L’Avare, avec Michel Boujenah dans le rôle-titre. Un spectacle à la facture classique, portée par une troupe homogène dans un décor de ruine enneigée.

L’Avare fait osciller entre rire et pitié : le plus méchant n’est pas forcément celui qu’on croit. Qui est Harpagon ? Un vieillard avide et cupide, castrateur de son fils et vendeur des appâts de sa fille, une canaille lubrique qui reluque une jeunesse trop fraîche pour lui, un usurier honteux qui a besoin d’un prête-nom pour s’adonner au prêt à intérêt que lui interdit son rang ? Ou est-il un veuf inconsolé, père trompé par un fils qui méprise le travail et choisit le jeu pour s’enrichir, et par une fille impudente qui s’envoie en l’air dans les bras de l’intendant de la maison ?

Harpagon en Pierrot

La dernière image du spectacle tranche le dilemme : rhabillé en Pierrot, personnage de la comédie italienne au visage aussi blanc que le costume, Harpagon finit l’aventure sans masque, pendant que ses enfants et leurs alliés lui jouent une ultime fumisterie, qui rit cruellement de sa candeur. Michel Boujenah traverse la pièce avec une naïveté presque enfantine. Dans cette ménagerie sociale, il est le dindon manipulé par des porcs retors, dont la vraie nature est révélée par une image frappante au mitan du spectacle. Au fil des scènes, on comprend qu’il a raison de les soupçonner : ceux-là n’en veulent qu’à son argent. Émouvant et sincère, le comédien fait d’Harpagon un pauvre hère qui, faute de n’avoir pas la morgue et le détachement d’un grand seigneur, n’est finalement pas si méchant homme.

Le blanc du désespoir

Ces enfants jouisseurs, qui snobent le bedonnant nourri de haricots et de marrons et lui arrachent le diamant qu’il a au doigt, sont incarnés par des acteurs qui n’ont rien de jeunes premiers fragiles. Mélissa Prat, Fanny Valette, Mathieu Métral et Antonin Chalon ont l’assurance d’héritiers trentenaires qui savent qu’ils enterreront leur père en déterrant sa cassette. La Frosine de Sophie Gourdin est une bien méchante mégère, et l’ensemble de la distribution, dont l’âge est aussi assuré que le talent, installe cet Avare dans l’ambiance crépusculaire d’une farce grinçante.

Catherine Robert

Michel Boujenah est à l'affiche de Michel Boujenah : Adieu les magnifiques (texte, interprétation - Théâtre du Casino) en 2024, Absolutely Hilarious (interprétation - Théâtre des Mathurins) en 2023 ou encore Un soir avec... (interprétation - Théâtre des Mathurins) en 2021.
Au cinéma, Michel Boujenah a interprété Pierre dans 14 jours pour aller mieux en 2024, N'avoue jamais en 2024 ou encore Finalement en 2024.

Éric Prat est à l'affiche de 20 000 lieues sous les mers (interprétation - Théâtre de la Porte Saint-Martin) en 2023, On purge bébé (interprétation - L'Azimut - Théâtre Firmin-Gémier) en 2022 ou encore La Dame de chez Maxim (interprétation - Théâtre de la Porte Saint-Martin) en 2019.
Au cinéma, Éric Prat a interprété le médecin dans Le Bruit des glaçons en 2009, La Très très grande entreprise en 2008 ou encore Faubourg 36 en 2008.

Fanny Valette est à l'affiche de Tu te souviendras de moi (interprétation - Théâtre de Paris) en 2018.
Au cinéma, Fanny Valette a interprété Flora dans Un profil pour deux en 2017, Passade en 2017 ou encore A Love You en 2015.

Mathieu Métral est à l'affiche de Génération Mitterrand (interprétation - Théâtre de Châtillon-Clamart) en 2023, Le Cercle des illusionnistes (interprétation - Le Splendid) en 2022 ou encore La Vie et la Mort de J. Chirac, roi des Français (interprétation - Théâtre de Châtillon-Clamart) en 2022.
Au cinéma, Mathieu Métral a interprété le chef du service de la DDASS dans Cigarettes et chocolat chaud en 2016.

Antonin Chalon est à l'affiche de Le Nid de cendres (interprétation - Théâtre Nanterre-Amandiers) en 2023, Logiquimperturbabledufou (interprétation - Théâtre du Rond-Point) en 2019 ou encore Léonie est en avance (Théâtre du Lucernaire) en 2016.
Au cinéma, Antonin Chalon a interprété Adrien dans Je l'aimais en 2008, L'Homme de sa vie en 2006 ou encore Bis en .