Le Square

Dans Le Square, de Marguerite Duras, actuellement au Lucernaire, Dominique Pinon et Mélanie Bernier incarnent des êtres solitaires qui font le point sur leur existence. Une rencontre tout en émotion(s).

Quand a-t-on le droit d’entamer une conversation avec un inconnu ? Dans un square, tout semble permis. C’est ce que pense un représentant de commerce (Dominique Pinon) venu s’y reposer. Éreinté par un énième déplacement, il rencontre une femme plus jeune, une employée de maison exploitée par ses patrons. Ensemble, ils vont faire le point sur leur existence, bien avancée pour lui, et qui commence pour elle.

Elle (on ne connaîtra jamais son nom) veut changer son « état » (trouver un mari dans un bal où elle se rend tous les samedis) et ne comprend pas la façon de vivre du colporteur (également sans nom). Lui, résigné quant à son destin de nomade, voudrait qu’elle ouvre « la porte ».

Dialogues littéraires

Marguerite Duras leur crée des répliques qui défient le naturalisme dans cette pièce qui fut un roman (très dialogué), puis une pièce créée en 1957. Ses personnages, simples et très différents, parlent comme une évidence d’une manière quasi littéraire. L’écriture révèle une belle douceur et une profonde empathie vis-à-vis de ces êtres solitaires. On aime cette jeune femme de son époque (conservatrice), qui veut sortir de sa condition modeste, rêve d’avoir son propre fourneau à gaz, d’appartenir à quelqu’un.

Quant au représentant de commerce, sa lassitude, son enthousiasme aussi quand il parle voyage ou parc zoologique touchent au cœur. Un humanisme sur lequel insiste le metteur en scène Bertrand Marcos, grand admirateur de l’œuvre de l’autrice de L’Amant.

Un banc, quatre chaises

Sa mise en scène n’a pas besoin d’en faire des tonnes : un banc, quatre chaises, une voix off introductive par une actrice reconnaissable entre mille. Dans ce décor minimaliste, Dominique Pinon affiche une bonhomie bienveillante et émouvante. Il réussit à faire ressortir toute la drôlerie désenchantée de son VRP. Idem pour Mélanie Bernier, qui s’amuse du côté parfois étriqué de son personnage. Un duo à l’unisson pour une conversation loin d’être anodine sur ce bonheur si difficile à atteindre.

Magali Hamard

Dominique Pinon est à l'affiche de Intimité publique (La Pépinière Théâtre) en 2019, Jo (Théâtre du Gymnase) en 2019 ou encore Darius (Comédie des Champs-Élysées) en 2018.
Au cinéma, Dominique Pinon a interprété le médecin dans Finalement en 2024, Ça tourne à Saint-Pierre et Miquelon en 2022 ou encore Apaches en 2022.

Mélanie Bernier est à l'affiche de Les Humains (interprétation - Théâtre de la Renaissance) en 2022 ou encore Un temps de chien (Théâtre Montparnasse) en 2014.
Au cinéma, Mélanie Bernier a interprété Lisa dans Neuilly-Poissy en 2024, Ma langue au chat en 2023 ou encore Maigret en 2022.

Bertrand Marcos est à l'affiche de Lettre d'une inconnue (mise en scène - Studio des Champs-Élysées) en 2022, La Passion suspendue (Théâtre de l'Œuvre) en 2019 ou encore Hiroshima mon amour (Théâtre des Bouffes Parisiens) en 2019.

Alexis Victor est à l'affiche de Alexis Victor : PSYcause(s) Lui (interprétation - Théâtre du Lucernaire) en 2022, Noël au balcon (Café de la Gare) en 2015 ou encore Venise sous la neige (Théâtre Daunou) en 2014.
Au cinéma, Alexis Victor a interprété Nick Wilde dans Zootopie en 2016.