Amoureaux

La sémillante compagnie Le Truc offre au théâtre Darius Milhaud une heure d'un spectacle au rythme soutenu, d'une poésie certes angoissante mais tout à fait en rapport avec les préoccupations de notre temps. C'est du théâtre contemporain, qui ne mâche pas ses mots, ses effets, ni ses intentions. Tout ne se comprend peut-être pas à la première audition ni au premier coup d'oeil, mais des portes s'ouvrent et des seuils se présentent à qui veut bien les pousser ou les franchir.
On est frappé par la puissance de la mise en scène : le décor consiste en quelques escabeaux de récup' et bouts de chiffon à l'élégante texture, tandis que par le moyen des costumes, par ailleurs très bien portés par la jeune troupe, on assiste à une réunification du genre humain, via la suppression de la frontière entre les sexes.
Très écrit, le texte de Thelman Trebel donne lieu à des exercices de diction virtuoses parfaitement maîtrisés notamment par Valériane Drieux, qui en a la bouche toute pleine et nous fait partager sa passion visible et communicative pour les mots. Chaque comédien et comédienne exprime des choses très différentes : le contraste entre les personnages et les rôles qui leur sont attribué vont de pair avec l'hypothèse d'une complémentarité entre les êtres, l'une des clefs de cette fiction. Complémentarité physiquement exprimée par le très beau tableau du début de la pièce, qui peu à peu, est appelé à se reformer.
À voir.
Jean-François Cabestan,
chevalier des Arts et des Lettres

Très jolie pièce sur l'eau, l'amour, la poésie... excellents comédiens et superbe énergie ! À voir sans hésiter.