At Berkeley

35 000 étudiants, un corps professoral de 1600 membres, 130 départements d’études, 80 champs de recherches disciplinaires, la mythique université de Berkeley vient d’être nommée troisième au classement de Shanghaï, malgré un budget en baisse (-50% pour la dernière dotation de l’État californien). Refondée dans les années 60 à l’aune du “ Free Speech Movement ”, racine des mouvements contestataires étudiants des années 60, elle continue de concilier excellence de l’enseignement (29 prix Nobel sortent de ses murs) et accessibilité à tous (elle a atteint son taux d’élèves à bas revenus le plus haut de son histoire). Entre cours, escapades ludiques, spectacles culturels et sportifs, réunions de fonctionnement… c’est le cœur même de cet univers que nous dissèque Frédérick Wiseman pour son 38e film consacré aux institutions contemporaines. Nous assistons ainsi à un incroyable débat sur la scission blancs/asiatiques et latinos/noirs lors de la formation des groupes de travail, à des critiques acerbes contre le capitalisme américain, aux affres posées par la gestion des lieux ou encore à une manifestation pour la gratuité des cours. On en ressort avec une impression de totale liberté de la parole, d’attention à l’intérêt des étudiants et enseignants mais aussi que l’argent domine toutes les préoccupations.

Loin de devoir être considéré comme un handicap, la longueur de ce documentaire permet une approche entomologique aussi passionnante qu’enrichissante d’un système en particulier et de l’avenir de l’enseignement aux États-Unis en général.