Brooklyn Boogie

Après Smoke, sortie du second film de Wayne Wang et Paul Auster, présenté comme "une joyeuse célébration de la vie quotidienne de Brooklyn" dans le même débit de tabac enfumé de ce quartier pittoresque de New York. Là s'arrête la similitude. Il ne faut pas chercher dans cette ouvre une suite à Smoke. Certes, Auggie Wren le buraliste et quelques autres apparaissent, mais dans des rôles mineurs. Les personnages secondaires prennent la première place, menant avec une folle exubérance le jeu que, leur lâchant la bride, leur confient les réalisateurs. En résulte, écrit Auster "un film vulgaire, tapageur et saugrenu". Les protagonistes laissent éclater leur agressivité, s'obstinent dans leurs opinions et querelles. Injures et coups de gueule s'échangent allègrement. Chacun "encaisse". Finalement, ce film récurant présente des êtres de chair et de sang, "pas des numéros", des hommes qui, oubliant tous les bons principes, parviennent à dégager une "profonde chaleur humaine", comme le souligne Paul Auster lui-même.

Deux réalisateurs menés par leurs personnages : Wayne Wang, dont, depuis 1982, plusieurs ouvres ont été remarquées - Slam Dance, Eat a Bowl of tea et Le club de la chance - et Paul Auster, écrivain, prix Médicis étranger avec "Leviathan", et auteur de "La trilogie new-yorkaise", scénariste et co-réalisateur de Smoke et Brooklyn Boogie.