Iranien

« Je pense en laïc mais j’agis en dictateur ? » s’en étrangle Mehran Tamadon. « Nous le savions au début, vous en serez convaincu à la fin », lui rétorque en souriant le Mollah Ali Kosh-Shasm. Profitant d’un séjour d’études en Iran, l’ancien architecte iranien devenu réalisateur Mehran Tamadon, qui vit aujourd’hui à Paris avec les siens, a réuni deux jours durant dans sa luxueuse maison, avec leurs familles, mais non sans mal, quatre mollahs de sensibilité différente, défenseurs de la République Islamique afin de discuter de ce qui les oppose sur le thème du « vivre ensemble ». Alternant débats, prières et vie quotidienne, salon et jardin, objets et paroles, ils évoquent la liberté, la place de la femme, la religion et la laïcité, la tolérance, la notion de République, le sexe… dans une quiétude imprégnée d’une tension permanente mais aussi de moments de taquineries libérateurs.

Pour son deuxième long-métrage documentaire, Mehran Tamadon nous offre un exceptionnel huis-clos aussi intelligent que rythmé. On est tour à tour étonné par le respect mutuel bien que fragile réunissant les débatteurs, déstabilisé par l’aspect « en miroir » des positions de chacun, amusé par les saillies d’humour. Il n’en reste pas moins qu’après avoir eu affaire à la police et vu son passeport confisqué, peut-être à cause de ce tournage, Tamadon s’est vu « conseiller » de ne plus revenir une fois ses papiers récupérés.