Les Premiers Jours

Documentaire singulier et expérimental qui n'est pas loin d'un projet qui aurait aussi toute sa place au musée.
Quelque part sur une côte désertique au Nord du Chili d'une aridité totale, des ramasseurs d'algues qui y ont élu domicile semblent réinventer une nouvelle forme d'existence, à la fois d'une modestie totale et d'une sérénité qui confine à la sagesse.
La particularité du documentaire est de ne faire entendre aucun dialogue, de donner aucune explication et surtout de s'accompagner d'une création musicale qui mise sur la désynchronisation et le décalage. On pourrait y voir un engagement écologiste avec la dénonciation des accumulations de déchets (dont de nombreuses carcasses automobiles) mais le geste de Stéphane Breton est d'abord conceptuel et artistique. Les collecteurs chiliens se voient eux-mêmes artistes, transformant le fruit de leur quête en accumulations hybrides et fantomatiques, posées sur la plage comme autant de témoignages d'une société destructrice.
Il faut accepter de se laisse porter, voire envoûter, par ce voyage aux confins du monde qui semble en effet revenir aux origines. Et placer exactement le cinéma comme un territoire de défrichage et de recherche.

Original, drôle, balade intrigante et reposante, belles images et bande son unique, à voir.