Les Roses noires

Elles sont 14 roses noires âgées de 13 à 18 ans, (“roses car toutes les femmes aiment les roses et noires car elles doivent cacher leur beauté”) et vivent dans des cités de Marseille et du 9-3. À partir des difficultés et du repère identitaire que représente pour elles le langage, elles confient avec une magnifique authenticité leur rapport aux autres, à elle-même, à leur féminité… à l’âge de toutes les transformations ; on les écoute et regarde avec une profonde empathie évoquer le prof qui leur a “insufflé l’amour du bon vocabulaire et la force de se battre”, les garçons auxquels elles ressemblent, de peur qu’ils leur fassent “une réputation”, leur désir de faire de leur différence une valeur ajoutée (“ça serait bien s’ils nous mélangeaient avec les Français, avec les quartiers chics”) ou encore leur tristesse (“tout ça sert à rien, ils veulent pas que ça change”)… avant de les voir s’épanouir d’avoir pu “s’habiller en filles” ou entendu un garçon avouer qu’il “aimerait avoir un corps de fille pour danser comme elles”.

Hélène Milano, réalisatrice, metteur en scène, auteure de cinéma, TV et théâtre… éclaire avec tendresse la lucidité et la belle humanité de ces jeunes filles qui rêvent d’égalité et ne parlent finalement que d’amour à travers leur difficile combat pour acquérir le droit de vivre leur identité de (future) femme dans le respect. On tutoie alors l’Universel.