L'Ombre de Goya

Lorsque Jean-Claude Carrière prend la parole sur Goya ou Bunuel, on est transporté. Le reste du film, mal écrit et dispersé, n'est pas à la hauteur du peintre et encore moins du grand et généreux érudit, décédé en 2021.

Passionnant et doux

Avec Jean-Claude Carrière au scénario qui nous emmène visiter les différents musées espagnols notamment à Madrid toute la beauté de l'œuvre de Francisco de Goya un peu méconnue en France avec ses gravures et dessins magnifiques, le tableau Tres de Mayo avec l'exécution d'un homme en chemise blanche est magnifique et la maya nue et habillée aussi. À voir.

Voici un film beau, agréable et serein. À mille lieues des drames psychologiques ou des chroniques familiales pesantes qu'on déverse sur nos têtes à jets continus, voici un film qui, entre 2 propos de J.C. Carrière ou de son épouse N. Tajadod, montre des collines, des ruelles villageoises, des intérieurs rustiques ou luxueux... On se sent bien ; on apprend notamment le souci de Goya pour les petites gens, en même temps que son goût à fréquenter (et recevoir rétribution) des puissants: bref, les éternelles contradictions dont nous sommes tous tissés. On ressort de ce film instruit, et heureux.

Tous ceux qui aimaient et admiraient J CL Carrière doivent évidemment aller voir ce film qui nous fait cheminer avec lui, certes vieillard, mais à l'esprit toujours ailé. Et il nous éclaire sur certains des génies qu'il a fréquentés, en particulier Goya, bien sûr, et Bunuel. Une heure et demie qui nous rend plus cultivés et qui nous fait croire que nous sommes intelligents.

Documentaire sur Goya à travers son regard ce film est le témoignage de Jean-Claude Carrière sur le rapport affectif et charnel qu’il a entretenu avec l’Espagne, la peinture de Goya. Il témoigne également de son amitié avec Luis Buñuel. Personnage hors norme par son physique à la fois massif et fragile et par la vivacité et l’intelligence de sa pensée, JJC nous a quitté avant le bouclage de ce film. Aucun académisme dans son propos, juste la volonté de souligner principalement l’engagement de Goya dans son œuvre au service également d’une vision politique de la société de son temps. C’est sans doute sur ce point que JCC et Goya se retrouve. Parler des plus grands mais sans oublier les plus faibles les plus démunis premières victimes des guerres et catastrophes. Ce film pourrait être comme un testament politique et esthétique de JCC.