No Other Land

Une terre magnifique torturée et défigurée. Des habitants persecutés. Le courage de ceux qui ont filmé la destruction des maisons, les puits comblés, les meurtres en direct, malgré les menaces et les coups. On a envie de regarder ailleurs tellement c'est insupportable. Et on regarde quand même parce que c'est le minimum qu'on puisse faire. On ne pourra pas dire qu'on ne savait pas.

L’amitié entre Basel l’activiste palestinien et Yuval le journaliste israélien est une bien maigre consolation face à l’horreur absurde et sans fin que le premier filme avec le soutien du second. Cette horreur quotidienne et insidieuse, c’est celle de l'expulsion de la communauté des villages de Cisjordanie par l’armée israélienne épaulée par les colons qui procèdent à la destruction systématique des habitations, contraignant leurs occupants à fuir ou à résister dans un cercle sans fin de reconstructions et de démolitions.
Le ballet des bulldozers encadrés par les blindés militaires a quelque chose d’un tragique funeste qui confinerait au ridicule s’il n’était hélas porteur de tant de souffrances. Basel, silhouette frêle, oscille entre l’énergie du désespoir qui lui fait croire à la nécessité de son action - qui débouchera sur la visite surréaliste de Tony Blair pour quelques minutes - et la résignation.
Réalisé par un collectif de quatre jeunes militants palestiniens, No Other Land - comme Voyage à Gaza il y a quelques semaines - a été réalisé avant octobre 2023. Il témoigne de la folie de conquête et d’écrasement qui s’est emparé d'Israël, forte de son bon droit et de sa puissance militaire et technologique, face à des populations exsangues chez lesquelles on voit mal comment la soif de justice pourra être un jour étanchée, alors que la situation qui a empiré depuis est devenue le terreau fertile d’une haine inextinguible.
Éprouvant et révoltant, le documentaire ne laisse pas de marbre. On en ressort consternés et accablés devant ce conflit sans fin au milieu des terres arides, de la poussière et des cailloux.