Portrait of Jason

New York, un soir de décembre 1966. Dans une chambre du mythique Chelsea Hotel, Shirley Clarke filme l'exubérant Jason L. Holliday, un artiste de cabaret afro-américain et homosexuel. Show man brillant, il interprète devant la caméra des personnages plus ou moins réels, non sans sarcasme. Il fume, boit de l'alcool et parle jusqu'au bout de la nuit. Vies inventées et réalité se mélangent au cours de ses prestations qui dressent un tableau clairvoyant et passionnant de l'Amérique des années 60. Se dessine également le portrait d'un homme blessé, que la vie n'a pas épargné.

Le captivant Portrait of Jason relève de la performance, aussi bien en matière de mise en scène (le film a été tourné d'une traite, en douze heures) que de numéro d'acteur puisque Jason apparaît comme un véritable caméléon. L'artiste semble avoir intégré en lui les codes, les apparences de la société américaine et les rejoue avec une justesse et un humour imparables. Comme The Connection, tourné quatre ans plus tôt, ce film de Shirley Clarke se démarque des conventions cinématographiques de l'époque, en brouillant clairement la frontière entre fiction et documentaire.