Tony Manero

Le Chili en 1978. Alors que tout le monde vit dans la terreur de la dictature de Pinochet, Raúl se consacre pleinement à sa passion, très éloignée de cette réalité dramatique : ce danseur d’une cinquantaine d’années est obsédé par le film La Fièvre du samedi soir, alors projeté en salles, et par son personnage principal, Tony Manero (interprété par John Travolta) dont il revoit sans cesse les chorégraphies au cinéma et dont il connaît les dialogues par cœur. Avec trois danseurs assez médiocres, il répète un spectacle reprenant les scènes de danse du film. Par ailleurs, il attend avec impatience de participer au concours de sosies de Tony Manero pour un show télévisé. Froid, sans désir pour les femmes qu’il séduit, Raúl est près à tout pour réaliser son rêve, même à tuer.

Présenté à la Quinzaine des réalisateurs au dernier Festival de Cannes, Tony Manero impose un réalisateur très prometteur, Pablo Larraín, et un acteur impressionnant, Alfredo Castro. La mise en scène épouse au plus près le rythme très particulier de son corps tantôt tendu et mécanique, tantôt flottant et mou. Derrière un sujet apparemment léger, le film cache une tension forte et nous confronte à une machine humaine angoissante, incapable d’intégrer les autres à son monde. Est mise en avant une logique aveugle, implacable, qui n’est pas sans évoquer celle de la dictature.