Toubib

Le projet touche à la fois à l'intime et à l'universel : Antoine Page réalisateur a suivi son jeune frère Angel pendant douze années, de son entrée à la fac de médecine à Besançon à ses premiers remplacements comme médecin de campagne. L'intime est à chercher du côté de la relation proche et complice des deux frères marqués par la disparition de leur père lui-même médecin. L'universel surgit au travers des longues conversations entre les deux garçons à propos de la pertinence des études, de l'exercice de la médecine et des moyens pour l'améliorer.
Ce qu'on pressent assez vite, c'est que Angel Page va être un bon toubib qui préfère devenir généraliste (la pratique des gestes chirurgicaux n'est apparemment pas pour lui) tant il dégage d'humanité et de capacité d'écoute. Il porte un regard pointu et argumenté sur le long parcours estudiantin et sur les dérives capitalistes d'une médecine dont il reconnait l'incroyable compétence technique, surtout après avoir fait un crochet de quelques mois en Bulgarie.
Au final, on voit assez peu ce qui constitue le cursus d'Angel, quelques séances de révisions stakhanovistes, des résultats de concours, les débuts en internat. Toubib s'axe principalement sur les échanges directs ou à distance, souvent en voiture, entre les deux frères. Ce travail au long cours permet aussi de constater l'évolution physique et intellectuelle de celui qui semble être en train de devenir le héros de La Maladie de Sachs de Martin Winckler. Sa fréquentation pendant presque deux heures est en tout cas hautement recommandable.

Film magnifique. Très émouvant. Bravo