Winnipeg mon amour

Au fil d’une voix off somnambule et tourmentée, Guy Maddin donne à voir la chronique d’un départ fantasmé. Ayant vécu toute sa vie à Winnipeg, le cinéaste s’amuse intelligemment à brouiller les frontières entre la réalité et la fiction : comment pourrait-il oublier les fondations d’une existence à mi-chemin entre le réel et l’imaginaire ? Réinterprétant les névroses de sa famille, balayant les paroxysmes de cette ville aux étrangetés nombreuses, le réalisateur nous livre un hommage intime et amer, déplaçant encore une fois les frontières du cinéma.

Longtemps à l'écart des grands débats cinématographiques, Guy Maddin revient à la charge avec un film mature et bouleversant. Rencontre des deux longs métrages les plus prisés du canadien, Winnipeg mon amour ramène les obsessions présentes dans Des trous dans la tête à un dispositif documentaire parmi les plus troublants ; revenant sur la froideur étrange de sa ville natale, il modifie les enjeux de The Saddest Music in the World. Considérée par certains comme l’œuvre la plus drôle et touchante de ce remarquable réalisateur, Winnipeg apparaît toujours imbibée de surréalisme et de cinéma muet, et surprendra les néophytes par l’acuité et la diversité de ses procédés visuels. Alors qu’une rétrospective s’organise au Centre Georges Pompidou, ce long métrage est une excellente occasion de pénétrer dans cet univers fantaisiste et saisissant !