Le Rire de Cabu

Alors que la liberté d’expression est encore attaquée, une exposition à l'Hôtel de Ville de Paris retrace l’oeuvre du caricaturiste Cabu, de ses débuts comme dessinateur politique à 12 ans jusqu’à son tragique assassinat dans les locaux de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015. Essentiel.

Dépasser des cadres

On l’aime avec ses petites lunettes rondes, son sourire enfantin, ses cheveux longs et sa plume affutée ! Jean Cabut alias Cabu fut l’un des dessinateurs de presse les plus talentueux et populaires de sa génération. Dans cette grande retrospective, on part du bureau de Cabu, écrasé sous une pile de papiers, pour suivre les feuilles qui s’envolent, et retrouver avec émotion les personnages qu’il a créé : l’alter égo Duduche, le beauf, sa moustache et sa bedaine, le nouveau beauf et sa queue de cheval, Dorothée et son grand nez, l’Adjudant Kronenbourg…

Au total, 350 dessins originaux rassemblés dans un parcours joyeux de ses 60 ans de carrière incroyablement éclectiques. Car Cabu a su imposer sa liberté dans les formats très contraints des émissions pour enfants (Récré A2), des tables rondes houleuses (Droit de réponse), des publications Pilote, Hara-Kiri, Charlie Hebdo, Le Canard Enchaîné…

Mission : faire rire et réfléchir

Tout terrain, visionnaire sur des sujets comme le harcèlement des femmes, la société de consommation, l’obsolescence programmée, l’écologie, le pacifisme, la liberté d’expression, Cabu explose les cases et tape dans le mille, résumant en un coup de crayon les pires travers de la société française. Reporter, il croque les villes, les présidents, les people.

« C’est l’histoire de la Ve République à travers son regard sans complaisance, sa légèreté et son éternel rire d’enfant », commente la Maire de Paris Anne Hidalgo. A la fin du parcours, parmi les enfants fascinés et les adultes hilares, on peut s’asseoir devant des miroirs déformants, saisir un feutre et une feuille de papier Canson et s’essayer à notre tour à la caricature. On peut vraiment rire de tout.