Autour du monde

Après six ans de travaux, le musée Albert-Kahn rouvre enfin ses portes à Boulogne-Billancourt, dans ses anciens bâtiments réhabilités, et dans un tout nouveau « Engawa » (espace limitrophe entre intérieur et extérieur) de 2 300 m2 signé par l’architecte nippon Kengo Kuma.

Un projet utopique

Comme dans la tradition japonaise, on n’entre pas dans le musée Albert-Kahn directement. Il faut d’abord contempler un jardin zen minimaliste, oublier la rue, la civilisation, les mauvais esprits. On traverse ensuite les lignes géométriques de bois et d’aluminium, modernes et délicates, parées d’un jeu de lumière poétique, pour découvrir l’exposition inaugurale explorant les représentations du voyage et du voyageur à travers la photographie et le film du début du XXe siècle jusqu’à aujourd’hui, en partant du projet de documentation visuelle de la Terre entrepris par le banquier et philanthrope Albert Kahn (1860-1940) lors de son tour du monde.

Ses « Archives de la Planète » sont un miroir de l’humanité destiné à promouvoir la paix et le progrès social en façonnant nos imaginaires partagés. Une exploration ethnographique, sociologique nourrie de rencontres et de découvertes, de New York à Tokyo, en passant par la muraille de Chine et la Malaisie. Pour sa collection, Albert Kahn rassemble aussi des images d’autres grands voyageurs, s’évadant par le regard en Syrie auprès d’une jeune servante lavant des fruits, imaginant l’acidité d’un pickles vendu par un marchant en Turquie ou voulant toucher du doigt les hiéroglyphes des temples égyptiens.

Se trouver ailleurs

Le voyage est scientifique, mais aussi initiatique : on se découvre des ressources insoupçonnées, des goûts étonnants, même si avec le développement du tourisme de masse, les virées lointaines sont toujours plus accessibles, rapides, banales. À l’heure où un simple clic peut nous envoyer en l’air à l’autre bout du globe, pourquoi s’embarquer dans des aventures téméraires pour ne voir que des clichés déjà vus ? Commencez par faire un tour dans le jardin du musée Albert-Kahn, bijou de l'art horticole, et vous comprendrez.