Eva Jospin, Galleria

Plongez dans un conte de fée

Depuis quelques années, le Musée de la Chasse et de la Nature, situé rue des Archives dans l’hôtel de Guénégaud (Monument historique du XVIIe siècle) et étendu à l’hôtel de Mongelas (XVIIIe siècle), invite des artistes contemporains à prendre possession de ses murs insolites. Après Sophie Calle et Mircea Cantor, c’est au tour d’Eva Jospin de faire dialoguer ses constructions en carton avec ce décor féérique.

Texture ludique

Eva Jospin aime confondre le réel avec l’infini possible de son matériau de prédilection : le carton. Une base pauvre et ordinaire qu’elle modèle pour ériger ses monumentales créations, précieuses et majestueuses. Dans son atelier parisien, sous son regard, ce carton se transforme en tronc rugueux, en pierre lisse, en pièce de marqueterie, en voûtes à caissons, en œuvre d’art…

Élégante, poétique et mystérieuse, sa Galleria de 4m de haut imaginée pour le musée semble directement sortie d’un conte de fée. Le jeu d’ombres avec les lianes est si trompeur que le bois devient papier et le papier devient bois.

Chasse au trésor dans un cabinet de curiosités

Dans les pièces boisées du musée, parmi les tableaux de chasse et les animaux empaillés, on tombe sur un impressionnant cénotaphe, tombeau vide abandonné et rongé par la végétation. À nos pieds, le carton sec a la fluidité de l’eau. C’est hypnotisant. On se croirait dans un jardin baroque, une de ses sources d’inspiration. « L’ambiguïté qui y règne entre nature et fausse nature (les grottes artificielles), architecture et fausse architecture (les édicules en végétaux factices) créé une porosité que j’aime suggérer dans mes œuvres », explique-t-elle. On rêve aussi de se jeter dans son épaisse Forêt de ronces et épines pour en découvrir les secrets. Telle la Belle au bois dormant, le bout de l'index tend secrètement à se faire piquer par une de ces épines pointues. Attention ! C’est une biodiversité fragile, qui se flétrirait au contact de nos doigts. Plus vraie que nature ?