Héroïnes romantiques

Au bout d’une allée bordée d’arbres centenaires se cache un charmant pavillon à l’italienne parfumé de roses et de lilas. Le Musée de la Vie Romantique, dissimulé au n°16 de la rue Chaptal dans le 9e arrondissement de Paris était déjà lors de la monarchie de Juillet le repaire de l’élite intellectuelle et artistique, fascinée par les héroïnes tragiques. À travers une centaine de peintures, sculptures, manuscrits et objets d’art, l'exposition Héroïnes romantiques interroge sur leur identité et leur représentation dans les arts au XIXe siècle.

Les histoires d’amour finissent mal

Antigone, Marie Stuart, Héloïse, Juliette, Ophélie, Atala… Ces héroïnes de la mythologie et de l’histoire ont un point commun : elles connaissent toutes une fin tragique. Est-ce pour cela qu’elles fascinent et inspirent autant les artistes romantiques ? Leurs peaux dénudées sont diaphanes et fragiles. Sujettes aux passions fortes, au désespoir et à la mélancolie, elle meurent d’amour. Sous le pinceau d’Antoine-Jean Gros, Sappho, la poétesse de Lesbos, s’apprête à se jeter dans le vide par dépit amoureux, le visage tourné vers la lune, le corps couvert d’un simple voile blanc. C’est sur un bûcher ardent qu’Alexandre-Évariste Fragonard représente Jeanne d'Arc, tandis que Jean Gigoux déshabille entièrement Cléopâtre lorsque, dans son tableau, elle met fin à ses jours.

Des destins macabres

Est-ce parce que juridiquement, les femmes du XIXe siècle n’ont presque aucun droit qu’elles sont sacrifiées ainsi dans ces funestes récits ? Gustave Flaubert personnalise en Emma Bovary l’impossible conciliation entre un ordre social établi et la liberté de vivre leurs passions… Jusqu’à l’agonie. Desdémone, jouée par Maria Malibran (morte elle-même dans un dramatique accident) est assassinée par son jaloux mari dans Otello, l’opéra de Gioachino Rossini. Et aux hommes, eux, de survivre…