[expo] À la cour du Prince Genji : le musée Guimet sous le charme d'un prince de papier

C’est une œuvre littéraire culte que propose de (re)découvrir le musée Guimet jusqu’au 25 mars, à travers son exposition. Celle d’une poétesse qui hante l’imaginaire et les arts japonais depuis 1000 ans.
Elle est poétesse, mariée à un homme âgé, et va devenir le témoin de la vie que l’on mène à la cour impériale à l’orée de l’an mille. Murasaki Shikibu, c’est son nom, va surtout s’édifier en écrivant le Dit du Genji, que l’on tient pour être le premier roman psychologique de l’histoire. L’œuvre de cette Jane Austen du moyen-âge japonais, monumentale - 54 livres, 500 personnages, 800 poèmes écrits avec de nouveaux idéogrammes, narre les pérégrinations d’un prince illégitime qui, né d’une idylle, ne pourra jamais accéder au trône mais va vivre en Don Juan.
Infuser les arts
Au milieu des peintures sur soie, des estampes, des impressions polychromes réhaussées de poudre d’or ou d’argent, des paravents, des écritoires laqués et autres objets raffinés du quotidien - tel un palanquin orné de scènes sentimentales, le musée des arts asiatiques expose également des interprétations modernes du conte, en parodies, en manga dessiné ou animé. Quatre rouleaux de plus de 30 mètres de long, tissés de fils de soie par un maître de Kyoto, concluent la traversée d’un millénaire d’arts visuels travaillés par les frasques amoureuses du beau Genji.
L’empire des sens
Le Dit du Genji raconte les mœurs d’une époque. Pour nous montrer la vie aristocratique de l’empire décrite dans le livre, les artistes japonais vont inventer la perspective dite du « toit enlevé ». Ce tour optique, qui met la perception à rude épreuve, consiste à faire apparaître les scènes vues en « plongée », comme au cinéma, pour montrer les personnages à l’intérieur même des palais. Il faudra attendre l’époque d’Hiroshige, dont on peut admirer cinq illustrations du Dit, pour que la perspective italienne remplace celle du moyen-âge. On apprend aussi qu’à la cour, les jeunes gens s’échangent des vers courts parfumés comme aujourd’hui les textos.
La poétesse Murasaki Shikibu en une championne du genre
L’odorat devient un vecteur d’expression des émotions si puissant que le Dit du Genji va inspirer une œuvre « synesthésique ». Visuelle et odoriférante à la fois, elle associe l’art de l’estampe à des senteurs composées pour chacun de ses chapitres. Le Dit est un texte légendaire dans la culture japonaise, grâce au musée Guimet, nous voilà au parfum.
Exposition À la cour du Prince Genji, 1000 ans d’imaginaire japonais, à découvrir au Musée Guimet jusqu'au 25 mars 2024
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