Le Songe d'une nuit d'été

La troupe de l’Opéra national de Paris s’empare avec éclat des amours volcaniques et sylvestres narrées par Shakespeare et chorégraphiées par Balanchine sur la musique de Mendelssohn, dans les décors et les costumes de Christian Lacroix.

Thésée et Hippolyta, Hermia, Héléna, Démétrius et Lysandre, Obéron et Titania, mais aussi Titania avec un âne, Pyrame et Thisbé, et Puck en Cupidon maladroit : c’est peu dire que la pièce de Shakespeare, savoureuse et leste, regorge d’agencements érotiques ! Pour démêler le chassé-croisé des cœurs ensorcelés par une fleur magique, Georges Balanchine a allégé l’intrigue, coupé le premier acte de l’œuvre originale et gommé certains personnages, jusqu’au triple mariage qui permet le retour de l’harmonie entre les amants et la victoire d’un univers ordonnancé selon les canons de la beauté classique.

Folie et maîtrise des émois

L’action du ballet se déroule en deux actes : le premier dans le bois enchanté, le second en forme de divertissement festif dans lequel le chorégraphe met en valeur la grâce et la virtuosité des interprètes. Le Songe d’une nuit d’été est un des rares ballets narratifs de George Balanchine, et s’il est nourri de la verve shakespearienne, il s’inspire principalement de l’œuvre éponyme de Felix Mendelssohn. Cette musique de scène, composée pour une représentation de la pièce devant le roi de Prusse en 1843, comprend aussi l’ouverture que Mendelssohn avait écrite en 1826, à laquelle Balanchine a ajouté d’autres morceaux du même compositeur, confiant sa création au New York City Ballet, en 1962.

La danse fait voir la musique

Entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris en mars 2017, cette œuvre offre une partition exceptionnelle au corps de ballet féminin et fait alterner passages de pantomime et scènes de danse pure (variations, pas de deux, virtuoses et moments symphoniques). Selon le vœu de Balanchine, la danse rend la musique visible. La réalisation des décors et costumes a été confiée à Christian Lacroix, qui mêle le velours et la mousseline, les fleurs géantes et les extraordinaires costumes d’insectes irisés des élèves de l’école du ballet pour sceller la magie de ce spectacle féérique.

Catherine Robert