The Dante Project

Un ballet superbe qui retranscrit bien l’univers de Goethe. Une excellente technicité des danseurs et de l’orchestre, dans un lieu incroyable. À voir absolument.

Grosses pointures à l'Opéra Garnier. Sur une composition de Thomas Adès, qui dirige lui-même l'orchestre de l'opéra ce soir, chorégraphie de Wayne McGregor et scénographie de Tacita Dean, du 100% british donc, le ballet The Dante Project s'inspire de La Divine Comédie du maître italien pour en tirer trois actes néo-classiques très étirés sur presque trois heures, avec deux entractes d'une demi-heure pour remplir la caisse du bar et les toilettes à tous les étages.
Comme précédemment dans la saison, mais ailleurs, au Châtelet, réunissant Thomas Banglater, un des ex-Daft Punks, Angelin Preljocaj en chorégraphe et scénographe, pour un ballet, Mythologies, à forte prétention artistique, les grosses machines peuvent produire des sortes de "déceptions positives", comme diraient les Suisses. Manques de renouvellement de la grammaire chorégraphique, néo-classicisme agaçant quand il envahit la scène comme la fosse, décors et costumes tirant sur toutes les ficelles contemporaines, tout est là, en place, mais sans vraie prise de risque, sans la tension créée par l'aventure vers des terrains moins convenus.
Pourtant, l'amorce du deuxième acte, évocation du purgatoire, laisse entendre des chants mêlant des inspirations indiennes et arabo-andalouses, donne à voir une chorégraphie plus chaotique et place les danseurs, en lumières rasantes, devant une toile inspirée et nettement moins prévisible que le décor du premier acte ou la projection du troisième. Rien que pour ce moment, saisissant de fulgurance créatrice, je ne regrette certainement pas ma place en premières loges de face...