Picasso, l'étranger

Picasso au-delà des frontières

On pensait tout savoir sur Picasso. Mais l'exposition Picasso l'étranger dans le majestueux Palais de la Porte Dorée construit à l'occasion de l’Exposition internationale de 1931 et hébergeant depuis 2007 le Musée de l'Histoire de l'Immigration, apporte un regard nouveau sur l’artiste espagnol installé en France, où il fut toujours un étranger.

Un éternel immigré

Picasso a toujours été en mouvement. Après une première migration à 10 ans de l’Andalousie à la Galicie, puis à Barcelone, pour suivre son père professeur de peinture, il s’installe à Madrid afin d’intégrer l’Académie des Beaux-Arts. À 19 ans, il découvre Paris à l’occasion de l’exposition universelle de 1900. Il ne connaît ni la langue ni les codes, alors il passe son temps à croquer les femmes serrées dans leurs corsets et les hommes affublés de hauts chapeaux, sans parvenir à s’intégrer.

Ce n’est donc pas en conquérant qu’il entre dans la capitale française, mais en artiste suspect, accusé d’être anarchiste et fiché par la police. Il découvre la Ville Lumière par sa part d’ombre, ses bas-fonds pauvres et glauques, ceux des prisonniers et des prostituées. Il démarre une ascension laborieuse dans une société fermée, grâce à ses bonnes fées : les poètes Max Jacob et Guillaume Apollinaire. Pas à pas, il étend son réseau d’amis, le rayon où il puise ses influences.

L’artiste dans son contexte sociopolitique

Résistant à la xénophobie et aux Guerres mondiales, Picasso personnalise la devise « liberté, égalité, fraternité ». « Je veux que mes peintures puissent se défendre, résister à l’envahisseur, comme si chaque surface était hérissée de lames de rasoir », clame-t-il. Exilé, fuyant l’Espagne de Franco, il ne connaît en France qu’un refuge précaire, un simple sursis. Sa demande de naturalisation déposée en 1940 sera refusée. Ni tout à fait espagnol, ni tout à fait français, il raconte dans ses tableaux l’histoire de l’Europe et du XXe siècle, l’histoire d’un migrant.