Charlie Chaplin

Ses films ont beau être, pour la plupart, muets, ils n’en restent pas moins un charme pour les oreilles. La raison ? Le talent de Chaplin pour la mise en scène, et en musique, de ses poétiques pitreries. Illustrations à La Villette, dans l'exposition de la Philharmonie de Paris, Charlie Chaplin-L'homme-orchestre.

De la scène à l’écran

S’il était présent aux débuts du cinéma, Charlie Chaplin est l’héritier d’un art bien plus ancien : le music-hall. Dès l’âge de cinq ans, il monte sur les planches et part en tournée à travers l’Angleterre, un temps comme danseur. Un épisode rappelé lors de l’exposition, organisée de façon chronologique autour de la vie de l’artiste, et sans doute déterminant pour la suite de la carrière de Chaplin.

Autodidacte, Chaplin apprend le violon et le violoncelle seul, au prix de nombreuses heures de répétitions. Dès ses premiers films, il choisit la musique qui accompagnera l’image, pour compléter les gags plutôt que les souligner. Il s’intéresse également à l’art, rudimentaire à l’époque, du bruitage. En 1936, presque 10 ans après l’apparition du parlant, il réalise son dernier film muet, Les Temps modernes. Seule concession à la voix, une chanson faite de paroles nonsensiques (« cigaretto portobello, si rakish spaghaletto ! »), preuve que, même en parlant, Chaplin peut se faire comprendre de tous les publics du monde.

Un compositeur sans partitions

Impossible d’évoquer Chaplin sans mentionner la célèbre anecdote : inscrit en secret, il aurait perdu un concours de sosie de Charlot… Le temps de l’exposition, les jeunes spectateurs pourront revêtir le costume mythique : chapeau, canne et moustache. La meilleure façon de découvrir que l’habit ne fait pas le moine, et qu’il ne suffit pas d’avoir un pantalon trop grand pour tomber avec élégance.

Corps sonore, rythmant par un mouvement, une inclinaison, une mimique, une scène entière, Chaplin a fasciné les spectateurs et les artistes de son temps. Ami du pianiste Arthur Rubinstein et du violoncelliste Isaac Stern, était-il un grand musicien ? S’il n’a jamais écrit la musique (il sifflotait ses mélodies à l’oreille des arrangeurs), il remporta un Oscar, en 1973, pour la musique des Feux de la rampe, et est l’auteur d’au moins un classique du répertoire mondial, l’optimiste Smile, repris entre autres par Nat King Cole et Michael Jackson. Quant aux vidéos montrant Chaplin dirigeant un orchestre, ne vous y fiez pas. Comme souvent avec Charlot : c’est une blague.