Ultime combat — Arts martiaux d'Asie

L’art de la guerre

Les façades vitrées sérigraphiées et en partie habillées de bois de Jean Nouvel sur les quais de Seine abriteraient-elles un nouveau dojo ? Car l’exposition Ultime combat – Arts martiaux d'Asie au Musée du Quai Branly – Jacques Chirac nous donne envie de nous mettre au nunchaku.

Histoire et mythologie

Cette exposition s’attaque d’abord aux racines des arts martiaux : les grandes batailles des dieux contre les démons des mythologies hindoues et bouddiques. Un ultime combat intérieur qui dure depuis 2 000 ans. Son issue est la délivrance individuelle à travers la dévotion (hindouisme) ou la connaissance (bouddhisme). On fait ensuite un bond dans les écoles martiales entraînant des guerriers musclés aux combats militaires, rituels et thérapeutiques. Victoire par KO pour l’alliance du charnel et du spirituel, du terrestre et de l’universel… Les moines Shaolin chinois intègrent l’entraînement au combat à mains nues à leur pratique religieuse et à la méditation bouddhique, les samouraïs japonais sont des hommes d’épée et d’esprit. En mettant à l’épreuve le corps, l’art martial confronte l’homme aux forces de l’univers et ultimement, à l’acceptation de la mort. Maîtriser son souffle et sa douleur, n’est-ce pas maîtriser sa vie ?

Une lecture politique et artistique des arts martiaux

En Inde, au Japon ou en Chine, les arts martiaux ont été tour à tour mis au service du pouvoir et des rebelles. On se demande même si Bruce Lee, Jet Li et Jackie Chan ne seraient pas des figures de l’affranchissement post-colonial… Mais en parcourant les salles emplies de statues, manuscrits, peintures, bandes-dessinées, masques, armures, robots, jeux vidéo, œuvres cinématographiques internationales, on comprend qu’au-delà des clichés des films de kung-fu des années 70, c’est bien d’un art qu’il s’agit ici. Un art à l’esthétique populaire qui inspire encore aujourd’hui Hollywood (de Matrix à Tarantino), le rap (Wu Tang Clan), la littérature et les mangas.